Kim, la narratrice, grandit dans le sud de la France, au bord de la mer – qu’on voit danser de temps en temps dans ce roman. Elle est entourée d’adultes immatures, cruels et déraisonnables : affligée d’un bec-de-lièvre, sa mère se lance sur le tard dans une carrière de stripteaseuse ; son père, qui a tatoué ses cinq enfants d’une étoile bleue sur l’occiput, brille par sa faiblesse et son insignifiance ; son grand-père est un insupportable fanfaron, et sa grand-mère sombre peu à peu dans la folie avant de regagner l’Algérie fantasmatique de son enfance.Heureusement, pour l’aider à survivre à une enfance calamiteuse, Kim a l’amour inconditionnel de ses petits frères, la gymnastique rythmique, la lecture de Baudelaire, et ses nuits fauves avec son prince ardent. Sans compter qu’elle ne va pas tarder à rencontrer sa sorcière bien-aimée en la personne d’une sage-femme à la retraite – à moins qu’il ne s’agisse d’une vieille pute sur le retour ? En fait de retour, on assiste aussi à celui de Charonne (déjà présente dans Hymen et surtout dans Une fille du feu) qui fait basculer (in extremis) cette histoire du côté de la beauté et de l’énergie vitale.
Comment se construire au sein de cette famille déjantée où chacun vit au gré de sa fantaisie ? Quête d'identité, d'équilibre de repères pour Kim qui prend son chemin de vie en main grâce à Charles, à l'amour de ses petits frères mal aimés et abandonnés à leur souffrance et à une rencontre bienveillante Kim observe avec lucidité les comportements insolites immatures et dévastateurs de ses parents et grands-parents et s'en échappe avec la force de sa révolte J'ai retrouvé le langage cru et imagé d'Emmanuelle Bayamack-Tam son écriture incisive et libre. Dommage d'avoir commencé par Arcadie qui est pour moi le plus abouti ...j'ai moins apprécié celui-ci qui reste quand même une belle découverte
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