"Enfant, quand je m'efforçais de m'exprimer dans un langage châtié, j'avais l'impression de me jeter dans le vide. Une de mes frayeurs imaginaires, avoir un père instituteur qui m'aurait obligée à bien parler sans arrêt en détachant les mots. On parlait avec toute la bouche. Puisque la maîtresse me "reprenait", plus tard j'ai voulu reprendre mon père, lui annoncer que "se parterrer" ou "quart moins d'onze heures" n'existaient pas. Il est entré dans une violente colère. Une autre fois : "Comment voulez-vous que je ne me fasse pas reprendre, si vous parlez mal tout le temps ! " Je pleurais. Il était malheureux. Tout ce qui touche au langage est dans mon souvenir motif de rancoeur et de chicanes douloureuses, bien plus que l'argent".
Je découvre Annie ERNEAUX suite à son immense récompense : le Prix Nobel de la Littérature 2022. Son roman LA PLACE a toute sa PLACE dans ce blog ainsi que dans nos bibliothèques ou nos liseuses. C'est une écriture douce qui se lit aussi facilement qu'un bout de chocolat qui fond dans la bouche.
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé les 59 pages de ce petit récit.
Une belle découverte.
Clairette
Vite lu, vite oublié...
RépondreSupprimerJ'aime tout chez Annie Ernaux, sa délicatesse, son style épuré mais efficace. C'est grâce à des femmes comme ça, qu'on saisit l'importance des classes, des valeurs d'éducation, le désir de s'élever, se sentir légitime. Il existe un coffret qui regroupe tous ses livres et où elle donne accès à son journal, photos, écrits, très intime mais jamais impudique. Une femme au parcours remarquable.
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