Celle, roborative, de Montse, mère de la narratrice et "mauvaise pauvre", qui, soixante-dix ans après les événements, a tout gommé de sa mémoire, hormis les jours radieux de l'insurrection libertaire par laquelle s'ouvrit la guerre de 36 dans certaines régions d'Espagne.
Deux paroles, deux visions qui résonnent étrangement avec notre présent, comme enchantées par l'art romanesque de Lydie Salvayre, entre violence et légèreté, entre brutalité et finesse, portées par une prose tantôt impeccable, tantôt joyeusement malmenée.
Une année de la Guerre d'Espagne vue par la "petite histoire", à travers le quotidien d'une famille. J'adore aborder la "grande histoire" par l'intérieur, cela donne une perception plus humanisée, plus complexe et incarnée des évènements qu'on ne connaît que par les livres. Ici rien n'est tout blanc ou tout noir, les personnages sont déchirés entre leurs aspirations, leurs croyances, la réalité, et confrontés à celles des autres. Intéressant aussi le parallèle avec l'ouvrage de Bernanos et son témoignage des évènements. L'écriture est fine, soignée et énergique, les phrases égayées de fragnol et de jolies exclamations en espagnol.
RépondreSupprimerEt surtout, il y a plein d'Amour ... l'amour de cette mère qui fait don unique à sa fille d'une année de bonheur et de secrets et l'amour de cette fille qui écoute et retranscrit cette tranche de vie lointaine pour ne jamais oublier.